Rapport d’orientation budgétaire 2021 : une intervention de Stéphanie Bocquet

Stéphanie Bocquet, Conseillère municipale

Madame le Maire,

Cher.e.s collègues,

Mesdames, Messieurs.

Et ce sont les orientations budgétaires qui structurent notre action.

Réussir la transition écologique pour la justice sociale de notre ville, c’est ce que les lilloises et les lillois nous ont demandé en juin dernier.

Ce 1er rapport d’orientations budgétaires du mandat doit donner le cap des politiques publiques qui seront portées pour Lille.

Nous avons besoin d’orientations qui prennent soin du climat, qui prennent soin de notre ville, et qui prennent soin de ses habitantes et de ses habitants.

L’atteinte des objectifs suppose cohérence.

Il nous faut nous assurer que les réalisations ne soient pas ralenties par des actions contradictoires.

Ces orientations budgétaires doivent aussi prendre en compte la crise sanitaire que nous vivons actuellement, et qui n’est pas étrangère à notre façon d’user et d’abuser de notre planète.

On ne peut pas vivre en bonne santé sur une planète malade.

Répondre aux urgences du moment, tout en préparant le monde d’après, c’est le défi que doivent relever les collectivités locales.

Lille, à l’image de grands territoires urbains, a montré sa capacité d’action et de solidarité, grâce aux agents municipaux, grâce à la richesse et la détermination des associations de cette ville, grâce à la résilience de ses habitants.

Tout cela, même si le groupe Lille Verte regrette l’absence de réflexion collective élus, habitants et acteurs de nos quartiers, pour favoriser une meilleure compréhension des enjeux et s’appuyer sur l’intelligence collective.

Prendre soin des lilloises et des lillois

Les plus fragiles ont payé un lourd tribut, de nouvelles personnes vont basculer vers la précarité, vers la pauvreté : nous devons faire en sorte de ne pas revivre en pire ce que nous avons vécu.

Pour nous, une politique ambitieuse d’investissement permettra d’atteindre les objectifs fixés de l’accord de Paris, permettra la relance économique de notre territoire, permettra l’accompagnement social et sanitaire des lilloises et des lillois.

Dans cette perspective, la maîtrise budgétaire dont nous avons fait preuve dans le mandat précédent, doit permettre de participer à cette transition économique, sociale et écologique.

La clef pour réussir est notre capacité à investir…

Et il va falloir investir.

A l’heure de la reprise, l’action des collectivités, qui portent plus de 70% de l’investissement public, est donc essentielle.

Nous pensons qu’une hausse « sensible » des dépenses d’investissement durant ce mandat n’est pas assez significative par rapport aux enjeux qui sont devant nous mais nous saluons le recours à l’emprunt.

Bien-sûr, il ne s’agit pas de dépenser pour dépenser : en cette période marquée par l’incertitude, la précarité grandissante, un contexte sanitaire difficile, il est nécessaire que la mairie assume son rôle d’investisseur public afin de relancer l’économie locale, répondre aux nombreux enjeux écologiques et sociaux, accentués par la crise sanitaire.

Dans cette période de crise, nous exprimons la demande que le plan pluri annuel d’investissement soit présenté, et que son suivi fasse partie des rendez-vous réguliers de notre vie municipale : commissions, conseils de quartier, conseil municipal.

Il faut également s’appuyer sur les ressources externes et les co-financements comme les contrats avec l’État dits de « relance et de transition écologique » et dont l’affectation des crédits nécessitera de la transparence.

Prendre soin, toujours et encore.

Oui, après l’année qui vient de s’écouler, plus que jamais Lille « doit » être une ville bienveillante envers les populations fragilisées. Une ville qui assure une bonne santé à ses habitantes et ses habitants, en œuvrant pour une qualité de l’air « bonne à très bonne » et non « moyen à médiocre » ou encore « mauvais à très mauvais » (nous sortons d’un nouvel épisode de pollution).

Une ville qui garantisse un accès pour toutes et tous à suffisamment d’espaces de nature et de respiration et une ville qui permette à ses entreprises qui font vivre le tissu économique local, de se relever des difficultés dans lesquelles la crise les a plongés.

Prendre soin du climat

Pour rappel, c’est en 2018 que la demande d’un budget climatique a été formulée par les élu.e.s EELV ici à Lille, mais également à la MEL.

Un groupe de travail a été créé pour sa mise en place : nous souhaitons qu’il soit réactivé.

Après les paroles, il faudra les actes :

Chaque euro dépensé pour notre ville doit être évalué au regard de son impact sur le climat, pour nous assurer que l’ensemble de nos dépenses concourent à limiter l’impact carbone de notre ville et à nous adapter au changement climatique.

Un budget climatique comportera l’analyse des investissements pour déterminer lesquels permettent de diminuer notre impact environnemental, lesquels sont neutres, lesquels risquent de le faire augmenter.

Vous mentionnez la création d’un outil d’aide à la décision  qui permettra cette analyse : nous souhaitons connaitre les échéances et les modalités de sa mise en place.

Nous serons donc particulièrement soucieux de la mise en œuvre, du suivi et de l’évaluation des nombreux projets mentionnés dans ce Rapprt d’Orientations Budgétaires (j’en profite pour saluer le travail des services qui ont rédigé ce document ; merci à eux).

 Pour exemples, parmi d’autres :

–        L’accompagnement des commerces indépendants, que l’on espère avec la même énergie déployée pour Lillénium.

–        L’accessibilité de notre ville aux personnes en situation de handicap, 15 ans après la loi du 11 février 2005.

–    Bien-sûr, la poursuite de la rénovation thermique de notre patrimoine municipal (et réinvestir ainsi les économies réalisées).

–      Ou encore, un budget participatif qui pourrait être plus que doublé pour atteindre 4 M€ dès 2021 : n’oublions pas que les lilloises et les lillois ont du talent !

Quelques points de vigilance :

     – « la Ville accentuera encore son intervention pour l’aide alimentaire, le soutien au collectif associatif des maraudes, la lutte contre la précarité estudiantine, l’accès aux soins » : plus qu’accentuer, c’est un véritable plan de renforcement de l’action sociale qui est nécessaire tant les besoins en moyens humains et logistiques des associations sont importants.

–        Un futur plan lillois de lutte contre l’exclusion ? Quelle méthodologie pour travailler son contenu, sa mise en place, avec qui et son évaluation continue ?

–        Concernant le rapport égalité femmes / hommes, nous souhaitons travailler à la réduction puis la disparition de l’inégalité salariale entre femmes et hommes, agents de la ville.

–        Et nous maintenons bien-sûr la demande des élu.e.s écologistes du mandat précédent pour la mise en place d’un budget genré.

Enfin, nous répétons notre opposition à l’installation de caméras de vidéosurveillance : les moyens humains (police municipale ET éducateurs spécialisés) devant primer et non une technologie, dont le succès dans la lutte contre la délinquance, est loin d’être avérée.

Madame le Maire, cher.e.s collègues, Mesdames, Messieurs,

Demain, samedi 12 décembre, nous fêterons les 5 ans des accords de Paris et nous voyons aujourd’hui le peu de chemin parcouru vers une véritable transition écologique.

Dans un contexte de péril climatique inédit, nous avons l’immense responsabilité de nous adapter aux conséquences des dégradations accélérées de notre environnement.

Nous savons que ce mandat est décisif.

Parce que l’écologie plus tard, c’est l’écologie trop tard.

Je vous remercie.