Pour une politique de la ville juste et efficace : Intervention de Faustine Balmelle

Faustine Balmelle-Delauzun, co-présidente Lille Verte, Conseillère Municipale

Madame le Maire,

Chers collègues,

Invisibles”, “oubliés”, “sans voix”, “laissés pour compte”, “abandonnés”.

Ces mots, ce sont des mots utilisés par des Lilloises et des Lillois. Ce sont des mots utilisés par des habitants de nos quartiers populaires. Ces mots, ce sont des ressentis partagés, des réalités trop souvent mises sous le tapis, des ras le bol de celles et ceux qui ont parfois l’impression de n’être pas considéré comme des citoyens à part entière.

Mesdames et Messieurs les élus de cette assemblée, ces mots doivent nous faire réagir et tous nous mobiliser. De lassitudes en colère froide, de sentiment d’abandon en abstentions successives (quasi 80% à Faubourg de Béthune et Lille Sud lors des dernières élections), les signaux d’alerte sont sous nos yeux.

S’y ajoute une crise sociale sans précédent, le gouvernement ne prenant absolument pas la mesure de l’impact de la crise sanitaire dans les quartiers populaires. Seulement 1% des financements du plan de relance vont y être consacrés!

Et les quelques dernières annonces ne suffiront pas à pallier cette situation, quand “en même temps” le gouvernement baisse l’aide aux associations d’aide alimentaire, se refuse d’étendre le RSA aux moins de 25 ans, parle de “pognon de dingue” pour qualifier les aides sociales, croit en une théorie du ruissellement absurde qui ne fait qu’accroitre les inégalités.

Car oui, les inégalités s’amplifient dans notre pays. Pire, les écarts entre riches et pauvres se creusent de plus en plus vite. Face à un gouvernement totalement aux abois, nous – élu.e.s de la Ville de Lille – avons une responsabilité toute particulière. Neuf quartiers sur dix sont concernés par la géographie prioritaire et 25% de la population de la Ville vit sous le seuil de pauvreté. Les politiques publiques mises en place doivent à la fois freiner le creusement des inégalités et colmater des brèches de plus en plus béantes. Chaque projet doit être pensé en ce sens, par, pour et avec les habitants.

Au sein de nos quartiers populaires – les associations mènent un véritable travail de service public qui ne dit pas son nom: entre actions de solidarité indispensables, lutte contre l’isolement et pour l’insertion, pour l’accès à la culture et au sport, pour le droit aux vacances, l’éducation populaire et l’émancipation de chacune et de chacun.

C’est un festival littéraire avec des femmes ou des jardins partagés au Faubourg de Béthune, des entrainements de foot ou de boxe aux Bois-Blancs ou à Lille-Sud, de l’accompagnement à la scolarité à Fives, des habitants qui se mobilisent dans les tours du Lion d’Or, à Churchill, à l’Epine ou Dombrowski, des ateliers culture à Moulins ou Wazemmes.

Ce sont toutes ces initiatives locales qui fourmillent, qui ne demandent qu’à être encouragées et soutenues, et qui constitue une richesse pour notre ville. Soyons-en fiers, faisons confiance aux habitants des quartiers populaires, écoutons-les, partons de leurs besoins et préférons une politique ascendante plutôt que descendante.

Avec eux, les associations souvent habituées à faire beaucoup avec si peu, elles qui constituent un rempart – parfois le dernier, il nous faut l’entendre et le reconnaitre – pour éviter à certains de perdre pied. Habitants des quartiers populaires, bénévoles et salariés associatifs, vous êtes la vitalité de notre ville, sa force, sa fierté. Par notre action collective, à notre tour de vous rendre fier d’être Lilloises, d’être Lillois.

Ce sont de beaux projets qui nous sont proposés aujourd’hui, dans la continuité de la précédente programmation. Permettez-moi ici de saluer le travail réalisé par les agents de la Ville et …

Toutefois, notre groupe sera particulièrement vigilant sur plusieurs points:

pérenniser les financements hors de la programmation annuelle de la Politique de la Ville. Accompagner les associations vers le droit commun, notamment les clubs sportifs ou les petites structures pour leur permettre d’avoir de la visibilité à moyen ou long terme;

soutenir le fonctionnement des associations en évitant l’émiettement des financements et permettre l’embauche de permanents. Remettre de l’humain dans nos quartiers est fondamental aujourd’hui;

décloisonner pour dépasser son quartier, donner de nouvelles possibilités d’émancipation, de nouveaux horizons et sortir du déterminisme.

Dans le contexte actuel, tout ce qui vise à soutenir les habitants des quartiers populaires, à améliorer leurs conditions de vie doit être soutenu, sans ambiguité. Nous voterons donc pour cette délibération.

Pour conclure, nous rappellerons seulement que pour que la Politique de la Ville soit efficace, elle doit se doubler de politiques volontaristes dans tous les domaines: pour une école de la République qui permette l’émancipation de toutes et tous, pour un habitat digne et un accompagnement social renforcé, pour un cadre de vie serein, pour renforcer la présence des services publics et le développement du tissu économique dans les quartiers populaires, pour lutter contre la précarité. Politique qui se voulait transitoire, la Politique de la Ville doit conserver son cap initial: celui de lutter – de toutes ses forces – contre l’injustice sociale.

Je vous remercie.