Pas de délégation de service public pour la crèche Concorde : Intervention de Stéphanie Bocquet

Stéphanie BOCQUET, Conseillère municipale

Madame le Maire, Chèr.es collègues,

Mesdames, Messieurs,

Madame le Maire, ce soir, vous nous demandez d’approuver le principe de délégation de service public pour assurer la gestion de la crèche Concorde dans le quartier de Faubourg de Béthune.

Ce soir, la ville de Lille franchit une ligne rouge.

Une ligne rouge que représente ce recours à une délégation de service public.

Parce qu’une DSP pour la halle de glisse ou encore la fourrière n’a rien à voir avec une délégation du service public de la petite enfance.

Passer une DSP pour la gestion de la crèche concorde, aujourd’hui gérée par la ville, pose question : à la fois parce que ce service existe, et qu’il est bien rendu, que la nouvelle construction est attendue depuis longtemps par le personnel de la crèche, personnel attaché à ce quartier et ses familles, et connaissant bien le réseau associatif et partenarial du quartier.

Nous serons d’ailleurs vigilants sur l’accompagnement des agents de la ville dans ce processus.

La petite enfance n’est pas un bien comme un autre, et, fondamentalement, laisser la porte ouverte à la concurrence, à la marchandisation, l’éveil et l’éducation du tout petit dépasse l’entendement!

Dans un secteur où de nombreux acteurs lucratifs investissent le marché, où la concurrence est rude pour les structures de l’Economie Sociale et Solidaire, notre collectivité peut faire le choix de modes de contractualisation qui privilégient partenariat et coopération.

Pourquoi se précipiter ainsi vers ce choix qu’il nous faut, à notre sens, peser très soigneusement.

Des communes de toutes tailles ont fait d’autres choix : via une Société Publique Locale (SPL), une SCIC (société coopérative d’intérêt collectif) voire en reconnaissant le secteur de la petite enfance comme un service d’intérêt économique général (SIEG) comme l’a fait Rennes en 2018.

Le SIEG permet de fixer le cadre de soutien aux structures, de sécuriser les financements publics octroyés pour réaliser les missions d’intérêt général car oui Madame le Maire nous sommes bien sur la reconnaissance dans ce cas, de l’intérêt général!

Vous y aviez d’ailleurs cru du temps où vous étiez présidente de la MEL puisqu’une mission avait été réalisée en ce sens et que des préconisations avaient été faites aux communes de la métropole… mission qui avait produit un écrit reconnu nationalement…encore aujourd’hui.

De même, avec les associations lilloises, les professionnels et les parents, vous aviez dénoncé sous la présidence de Nicolas SARKOZY, la marchandisation de la petite enfance.

Quel signal donnez-vous aujourd’hui aux structures municipales et associatives actuelles en revenant sur ces engagements ?

Je n’ose penser que la ville ne croit plus en sa richesse associative : vous nous direz que « c’est une exception absolue, après la fourrière », que l’on aura une DSP contraignante, un droit de regard plus important, etc.

Devons-nous préférer la contrainte à la coopération pour mener à bien nos politiques publiques ?

La DSP ouvre certes à du privé non lucratif mais elle ouvre aussi la porte au privé lucratif.

Pas plus tard que mardi dernier, place de la République à Lille, les professionnels et parents manifestaient leur crainte en rappelant « nous ne voulons pas de bébé à la consigne ».

Privilégier  le projet éducatif, le projet pédagogique plutôt que la rentabilité à tout prix, privilégier l’engagement et la professionnalisation dans la durée plutôt que le stop and go tous les 5 ans, privilégier la reconnaissance des compétences et la richesse de nos structures locales de l’ESS, privilégier la sérénité et le partenariat co-construit : voilà les valeurs que nous les écologistes défendons et portons.

Madame le Maire,

Une autre économie est possible.

Parce que cette DSP comporte trop de risques négatifs pour les lilloises et les lillois, le groupe Lille Verte votera contre ce choix politique que vous faites.

Je vous remercie.